Bonjour à tous

Nous sommes arrivés à Ino-cho hier soir et nous avons travaillé aujourd’hui.

Site @ de la fabrique de papier d’Ayumi-san

Tout d’abord quelques photos de la maison qui est tout en haut d’une longue pente bien raide (ça fait les jambes et les mollets !) et de nos appartements (pck c’est hyper graaaand).

Nous sommes dans une exploitation de papier traditionnel japonais (washi) qui est fabriqué à partir du bois appelé kozo. Une fois récolté, il est « cuit à la vapeur » pour détacher l’écorce. Ensuite, il est séché, lavé, émincé, battu, lavé encore puis cette pâte est mélangée avec une solution et les feuilles de papier peuvent être créées. Ci après une vidéo (désolée en anglais).

Vidéo sur la fabrication du washi

J1 : 8h30-17h nous avons coupé le kozo, nettoyé les souches pour enlever la mousse, mis en paquet, coupé ces paquets à la bonne taille puis mis dans la camionnette. Le kozo pousse dans la montagne (bien raide), alors on a glissé plus d’une fois ^^ et puis ça reste plein de ptites branches alors accumulées c’est lourd quand même. Mais nous sommes très contents de notre journée. Le cadre est à couper le souffle. Le propriétaire est venu nous aider (il est trop vieux pour récolter tout seul – 84 ans), il a marché 4h pour nous rejoindre tout en haut de la montagne ! Et nous avons eu la visite de gens de la préfecture qui veulent savoir comment redorer le blason et faire regrimper l’industrie du washi.

J2 : 10h-17h pendant que le kozo cuit à la vapeur (pendant 3h), nous avons amorcé l’enlèvement des écorces (qui est fait en entier par 3 salariées de la fabrique), mis en paquet les kozo nus (ils seront vendus pour chauffage), mis en paquet les écorces et accroché ces paquets sur des barres à l’intérieur du hangar pck risque de pluie. Le frère d’Ayumi-san, le big boss de la fabrique, à voulu faire sécher plus vite que la nature certains paquets d’écorce sur une grande plaque en métal car il devait les amener à quelqu’un (cf photo). Nous avons participé à 3 bains vapeur et donc 3 séances d’épluchure : pas le temps de souffler. Il faut tout faire en même temps quasiment !

Mais il y a eu une coupure de 30min avant la dernière fournée et Ayumi-san nous a montré leur showroom et tout ce qui peut être fait avec leur papier. Certes du papier pour calligraphie, mais aussi des écharpes, des tissus mariés avec de la soie et … des filets de pêche !

Sinon l’amorce des écorces, c’est un vrai coup de main. Plusieurs fois aujourd’hui, Ayumi-san nous a dit, avec le tact des japonais, « il faudrait plutôt faire comme cela, c’est plus facile … ». Mais à la fin de la journée, assez rude quand même, elle a nous a dit qu’on avait bien travaillé et que l’on apprenait vite. En « récompense », nous avons été à l’onsen du coin et au restaurant =)

J3 : 8h30-12h30 demi journée aujourd’hui du à la pluie. Jusque 10h30, nous avons été accueillis dans 2 classes de la ville pour nous présenter, écouter les préparations des jeunes élèves et participer à un jeu de chaises « musicales » avec des mots en anglais.

Ils sont vraiment trop mignons ! Ils avaient préparé 2-3 phrases sur ce qu’ils voulaient devenir et c’était comme cela « je voudrais être comme ma mère pour 3 raisons : elle est gentille et intelligente. Par exemple, elle répond toujours à mes questions ».

Ensuite, nous sommes allés préparer le bain vapeur d’après demain : nous avons coupé la récolte du J2, faite par 2 employés de la fabrique (pendant que nous enlevions l’écorce de la récolte du J1) puis nous avons pesé tous les paquets faits (car le propriétaire du champ de kozo est payé au poids).

Et c’était la dernière journée de Miyura-san, le wwoofeur japonais qui était avec nous. Il aimerait avoir son propre terrain pour cultiver des légumes alors il fait des recherches à travers tout le Japon pour trouver son bonheur. Malheureusement il voudrait un terrain plutôt plat, et au Japon, si vous regardez une carte du relief, c’est plutôt montagneux. Alors quand nous lui avons montré la carte de France, il a dit qu’il aimerait bien venir ^^ une bonne paire de bras qui va nous manquer demain pour faire les paquets de kozo !

J4 : 8h30-17h aujourd’hui c’était mise en séchage et récolte. Les écorces que nous avons pelées en J2, nous les avions mises à sécher dans l’entrepôt puisque risque de pluie. Aujourd’hui, beau temps oblige, nous les avons déplacées pour un bain de soleil.

Puis nous sommes partis récolter le kozo, dans un autre champ mais du même propriétaire (qui est encore venu nous aider !).

C’était plus dur car c’est sans fin ! et surtout il a fallu racourcir les fagots (60cm vs 130cm) car c’est plus facile à peler. Mais il faut donc quasi 2x plus de mouvements car, après avoir coupé le kozo de la base, il faut couper les ptites branches indésirables qui dépassent (et qui sont la base de très peu d’écorce) ; puis vous faites d’abord un gros fagot avec une corde un peu lache juste pour emmener à la découpe ; celle ci fait des petits fagots qu’il faut bien serrer avec 2 cordes … bref on est un peu éreinté ^^ et demain, il faut ébouillanter, peler, mettre à sécher tout ça + ce qu’on a préparé hier en J3. Piouf

Mais à la pause déjeuner, Ayumi-san nous a fait découvrir une jolie cascade (désolée pour le manque de sexyness des tenues de travailleur !).

J5 : 9h30-17h30. Journée bain vapeur et épluchages. Mais, pour ceux qui ont suivis, 2x + de travail puisqu’on a coupé plus petit hier ! Ha ha ha -_-‘

Ce qui a changé aujourd’hui : on est rentré déjeuner en vélo (mais le vélo est « un peu » petit pour Denis) et je vais jouer au bad avec le club du coin pendant 2h ce soir (Denis est dead – il a fait le plus dur aujourd’hui). Et demain, on récolte – encore&encore.

J6 : 8h30-17h on commence la journée par déplacer les tas d’écorce d’hier que Denis a amené chez la grande mère pour les faire sécher – depuis le toit jusqu’au 2e étage – car 1 nuage = risque de pluie ^^ ensuite nous sommes partis récolter le kozo d’un autre propriétaire (sur la photo, c’est tout en haut du ptit tas au milieu, derrière cette petite colline).

Le kozo en étage, c’est bien mieux qu’en montagne escarpée 😉 on a pas mal coupé des petites branches et fait de fagots de bois aujourd’hui (comme d’hab) MAIS, ce qui a changé, c’est le papy proprio de 89 ans qui voulait que certaines choses soient faites d’une certaine façon. Alors certes, la voix de la sagesse tout ça. Mais si on peut nous le dire dès le début c’est mieux, hein ! ça évite de tout refaire !

Donc, la 1ere chose qui « n’allait pas », c’est le fait que nous n’utilisions pas les bonnes cordes. En effet, celles d’Ayumi-san sont en plastiques, alors que celles du proprio sont en pailles de riz j’imagine, et ça accroche beaucoup mieux le kozo. Les liens ne se desserrent pas. Après avoir appris comment faire le bon noeud qui va bien avec cette corde (en tortillant dans ce sens et en passant la corde de droite au dessus de la gauche), nous voilà repartis à faire « comme Bouddha l’a fait » (c’est la phrase de Denichou pour relativiser et rigoler quand on se fait « gronder » par ce papy ou Ayumi-san – le 1er jour où on a épluché).

Ensuite, nos fagots n’étaient pas assez gros. Jusqu’ici, nous faisions des fagots de grands kozo puis nous les amenions à la découpe (genre coupe pain pour 1/2 baguette), qui les taillaient à la longueur voulue (qui a donc varié depuis que nous sommes arrivés si vous suivez bien). Aujourd’hui, nous devions faire des fagots quasi double, donc peu transportables, puisque c’est la tronçonneuse qui venait à nous cette fois ci.

Pour terminer, les fagots devaient être liés en haut et en bas. Mais en haut, ça devait vraiment être à moins de 10cm du bord sinon ça n’allait pas. L’univers du papier en dépendait ^_^

Une nouvelle bonne journée passée dans ces belles montagnes 😍

Le soir, nous avons accueilli un metteur en scène de Singapour qui vient monter un projet artistique (danse et théâtre) avec Ayumi-san. Nous avons été dîner tous les 3 puis nous sommes rentrés discuter de différentes choses à propos de nos pays.

Dimanche (J7), nous passons la journée off tous les 4 près de la rivière (Niyodo blue), rivière réputée comme étant la plus pure du Japon. Nous la voyons chaque jour où nous partons couper le kozo et elle est « crystal clear ».

Le matin, nous sommes passés faire nos propres cartes postales en washi (mais provenant de matériaux importés).

Ensuite nous avons été nous balader en voiture dans la valley Yasui. 2 petites sorties pour voir des cascades et balade à pied le long de la rivière.

[wpvideo Dr6PwlUp ]

Puis dégustation de (4) saké pour ces messieurs.

Ce soir on dîne « nabe » (pot au feu japonais).

Lundi (J8), le matin, nous allons visiter une autre fabrique de papier, encore plus traditionnelle que celle où nous travaillons. En effet, ici, nous faisons bouillir le kozo de manière électrique dans une cuve en métal recouverte d’une bâche. Là bas, la cuve est recouverte d’un joli chapeau de bois puis chauffée au bois.

Ensuite, ici, on fait blanchir avec de la javel. Là bas, c’est le soleil qui blanchit.

Ici, on fait sécher sur des plaques de métal. Là-bas, sur des plaques de bois au soleil.

Nous avons aussi choisi des papiers, admiré la vue et fait une photo ensemble devant leur boutique. Cette famille est un trésor culturel car ils sont les seuls à fabriquer ce type de papier.

Ensuite, l’épluchure des kozo ayant été annulée, on est rentré larver l’aprem. Puis le soir => baaaaaad.

Mardi (J9), notre dernier jour. J’ai le coeur lourd. Ça a été une super expérience mais trop courte =( Ayumi-san reçoit des amis, on ne peut pas grappiller + de temps ici malheureusement. A 10h, fin de la première fournée de bain vapeur. On épluche. Il risque de pleuvoir alors on est un peu à l’étroit dans le hangar. TC nous prête main forte.

Il n’y aura que 2 fournées aujourd’hui, contre 3 habituellement, car tout le kozo récolté samedi n’a pas été ramené, je ne sais pas pourquoi. Après avoir fini cela, nous mettons à sécher sur la grande plaque les kozo de la J5. Malheureusement, il fait lourd et gris, les écorces ne sèchent pas et moisissent … c’est pour cela qu’ils ont recours à ce procédé de séchage artificiel (et coûteux). Puis nous mettons à sécher chez la grande mère les écorces d’aujourd’hui (et nous essayons de créer un courant d’air).

Puis nous rentrons ranger toutes nos affaires, faire le ménage .. surprise vers 18h30, la mère d’Ayumi-san vient nous chercher pour nous inviter dans un onsen restaurant « tattoo friendly ». C’était très beau, le bâtiment ressemble beaucoup à un château. Le repas était divin et comme toujours très joliment présenté.

Cette longue semaine restera gravée dans nos mémoires et dans nos cœurs. C’était génial. Ayumi-san va nous manquer :'(

Demain, nous prenons le train pour Matsuyama tôt le matin pour profiter du voyage.